Nouvelle Alliance
Groupe formé dans les dernières années, proclamant être « ni de gauche, ni de droite » et visant l’union des forces souverainistes. Se revendiquant d’un nationalisme ethnique, le nom du collectif est une référence à l’Alliance laurentienne, « mouvement indépendantiste, d’inspiration fasciste » de la fin des années 50.
Dernière mise à jour : 7 janvier 2025.
- Décembre 2024 | Le chroniqueur au Devoir et féru d’histoire Jean-François Nadeau revient sur le reportage de son collègue Étienne Fortin-Gauthier pour dresser un tableau (à notre avis, fort juste) de Nouvelle Alliance. Pour lui, c’est « un mouvement ultranationaliste » qui s’inscrit dans une longue lignée de groupuscules s’inspirant d’idées d’extrême droite : « L’immigration, à leurs yeux, serait l’expression “d’une certaine violence”. Ce discours avance en tapinois dans les pas de la fumeuse théorie du “grand remplacement” […] Cette crainte de tous les instants leur tient lieu de programme économique et social ». Une semaine plus tard, le Devoir a gracieusement offert un droit de réponse à François Gervais, le président du groupe. Un texte plutôt vague et fade, surtout en comparaison à la réplique du chroniqueur, incluse en bas de page. Ce passage est toutefois évocateur : « Face aux fractures identitaires engendrées par la mondialisation, l’enjeu de ce siècle pour les peuples sera de demeurer ce qu’ils sont ».
- Novembre 2024 | Le journaliste Étienne Fortin-Gauthier a produit deux reportages vidéo (voilà le premier, le second par ici) sur le groupe, en particulier ses liens avec les partis nationalistes : « Des membres de Nouvelle Alliance, un groupe qui est placé à “l’extrême droite” par des experts, fréquentent régulièrement les activités du Parti québécois (PQ) et du Bloc québécois (BQ) ». Si l’un des députés du Bloc exprime une critique assez sévère du groupuscule, le chef du Parti québécois ne semblait aucunement concerné par l’entrisme subit par son propre parti.
- Octobre 2024 | Dans le sillage de l’affaire de l’école Bedford, plus spécifiquement suite à la récupération politique de l’histoire par la CAQ et le PQ, Nouvelle Alliance reprend le même argumentaire et affirme qu’il est « Impossible de nier l’entrisme islamiste dans nos institutions et dans notre société. Véritable hydre, ça commence dans les écoles, et se retrouvera bientôt dans notre parlement ». Ils poursuivent en mettant en cause l’immigration, qu’ils qualifient « d’invasion » (un abus de langage visant à stigmatiser le fait migratoire). La référence à la thèse complotiste du grand remplacement est explicite : « Nous ne faisons pas face à un envahissement du religieux, mais à un changement de population qui impose progressivement ses mœurs et ses coutumes ».
- Septembre 2024 | Autre campagne d’autocollants visant des panneaux « STOP », cette fois-ci à Granby. Le geste est ainsi justifié : « Si certains passe-droits sont tolérés depuis trop longtemps, le devoir patriotique et civique nous oblige à l’action disciplinée. Notre mission sera accomplie lorsque nous sortirons collectivement de la passivité et que les autorités compétentes agiront dans le sens d’un renforcement linguistique et identitaire durable et inaltérable ». Voici le tweet en question.
- Septembre 2024 | Profitant de la rentrée scolaire, le groupuscule se lance dans une campagne de publicité sur les campus universitaires et les cégeps. Les antifascistes de la province avaient anticipé cette stratégie de marketing : le succès n’est donc pas au rendez-vous pour les ethnonationalistes. Courroucé, le président accuse à tort un syndicat étudiant de l’UQAM de leur avoir proféré des menaces (le propos ne se base sur aucune information factuelle). Encore une fois, le collectif Montréal Antifasciste nous offre un bon résumé de l’épisode.
- Juin 2024 | L’un des membres fondateurs, François Gervais, est reçu à CJMD 96,9, une radio communautaire à Lévis. L’animateur, qui peine à différencier Trudeau de Gabriel Nadeau-Dubois, questionne François sur la nature et l’orientation de leur projet. Ce dernier explique que « le nationalisme c’est la concrétisation politique du patriotisme » et que, devant le projet « immigrationniste » du Canada, il propose l’indépendance puisque « pour préserver les attributs identitaires qui ont eu cours depuis le fameux projet colonial français, il faut que la majorité historique demeure majoritaire ».
- 24 mai 2024 | Nouvelle Alliance organise une marche afin de commémorer la journée des Patriotes. Un journaliste d’Urbania les accompagne, le ton est plutôt léger considérant l’ambiance : salut au drapeau et slogans tels que « Tradition – Gloire – Honneur! ». Lorsque le groupe rejoint le convoi organisé par la Société Saint-Jean-Baptiste, ils se font apostropher « Nouvelle Alliance, vous n’êtes pas les bienvenus ». Fait notable puisque NA avait déjà marcher avec la SSJB (notamment le 10 décembre 2023).
- Mai 2024 | Montréal Antifasciste publie un excellent reportage sur le groupuscule. Tout y est : historique, analyse de la rhétorique, dossier sur les membres, photos. À ne pas manquer : une liste d’actions publiques entreprise par le groupe (voir l’annexe, en bas de page). Il va sans dire que nous sommes très largement redevables de leur travail.
- Octobre 2023 | « Nouvelle Alliance : unir les jeunes indépendantistes derrière un nationalisme identitaire » : parution d’un solide article du média pivot, qui établit un bref historique du mouvement, ainsi que plusieurs témoignages des membres du groupe.
- Juillet 2023 | Des membres de Nouvelle Alliance posent des autocollants « ARRÊT » sur des panneaux « STOP » à Lennoxville, une municipalité bilingue. Radio-Canada en avait parlé ainsi que le magazine d’extrême droite Causeur.
- Juillet 2022 | L’OBNL Antihate produit un article soulignant la proximité de plusieurs membres fondateurs avec l’ancien Front canadien-français, « un groupe ultranationaliste et traditionaliste catholique radical ». L’organisme fait aussi état de liens avec le Parti Patriote (autre article en anglais et voici leur site web) et l’ethnonationaliste Alexandre Cormier-Denis.
- Mars 2022 | Première rencontre du groupe. Les membres fondateurs sont issues du mouvement nationaliste (Parti Québécois, Bloc Québécois, Société Saint-Jean Baptiste ainsi que le Front canadien-français). En majorité de jeunes hommes, telle que rapportée par l’article de pivot. Dans ce même article, l’on peut aussi lire que « en analysant le discours de Nouvelle Alliance, le politologue Jean-Pierre Couture, professeur à l’Université d’Ottawa, considère que malgré le vernis rassembleur que se donne le groupe, “il y a beaucoup de soustractions dans son projet unitaire” : la décolonisation et la résurgence autochtone, mais aussi l’indépendantisme politique et l’État de droit ne semblent pas faire partie du programme de NA ».