Christian Rioux
Correspondant du Devoir à Paris depuis 1995, il a depuis écrit pour d’autres médias ainsi que publié quelques livres. Pour le Devoir, il produit parfois des articles touchant l’actualité française. Il est surtout réputé pour ses chroniques marquées à droite. À quel point à droite?
Dernière mise à jour : 7 janvier 2025.
- Novembre 2024 | Christian donne une entrevue au média complotiste Libre-Média (réputé pour ses mensonges sur les vaccins, entre autres). Il affirme que « Le populisme est largement une invention des médias » tout en fournissant une analyse se fondant sur une logique populiste : « Il y a un grand décalage aujourd’hui entre les élites, les médias officiels, et la population en général ». Et Donald Trump ne ferait pas partie de cette élite : « Trump est le seul qui a parlé à la nation américaine ».
- Novembre 2024 | Dans « La bêtise systémique », il attaque la légitimité de l’outil d’analyse sociologique qu’est le racisme systémique. Selon lui « si le racisme est “systémique”, c’est donc qu’il est inhérent à notre société indépendamment de la volonté de ses individus » et il poursuit « les wokistes proclament que l’Occident serait par nature raciste, sexiste et homophobe ». Son interprétation est empreinte de mauvaise foi (le racisme systémique n’est pas spécifique à l’Occident, on pourrait certainement analyser certains enjeux sociaux dans un pays comme la Chine, à travers ce même prisme). Nous vous suggérons la définition de l’IRIS, si vous désirez obtenir une description adéquate du concept.
- Juillet 2024 | C’est la fin des élections législatives surprises en France et le correspondant du Devoir n’est pas spécialement satisfait du résultat. Il affirme que « le portrait qu’offre cette nouvelle Assemblée est à l’opposé de celui que dessinent les suffrages exprimés », un propos qui fait fi du fonctionnement des élections françaises (soit l’existence d’un deuxième tour). Missila Izza de L’Esprit Libre offre une réponse à ses imprécisions et ses mensonges (notamment sur le programme économique de la gauche).
- Mai 2024 | Le chroniqueur pourfend une mode de « déconstruction de l’histoire qui règne aujourd’hui en maître dans nos universités ». Francis Dupuis-Déri, en sa capacité de professeur de science politique, offre un peu de visibilité sur les nouvelles thèses et mémoires ainsi que les nouveaux professeurs à l’UQAM dans la dernière année. Il n’aboutit pas au même constat que Christian.
- Mai 2024 | Le conseil de presse du Québec blâme Christian pour sa chronique Solitude française de l’été 2023. Un bref extrait du jugement : « Le chroniqueur met sur un pied d’égalité des terroristes qui ont tué 130 personnes et des jeunes des banlieues qui ont causé des dommages matériels qui n’ont aucune commune mesure avec le terrorisme islamiste. Le chroniqueur aurait dû s’abstenir d’utiliser des termes qui peuvent entretenir les préjugés en associant les Arabes et les musulmans à des terroristes ». Voir aussi l’article du Devoir résumant l’affaire.
- Juillet 2023 | En réponse au meurtre de Nahel lors d’un contrôle policier à Nanterre, il affirme : « Les vagues d’immigration des années 1990 ont produit les émeutes de 2005. Celles des années 2000 ont produit les émeutes de la semaine dernière ». La chronique, dédiée à Denise Bombardier est titrée ainsi : « À quand la guerre civile? ».
- Mai 2023 | Entrevue avec l’auteur français Patrick Buisson suite à la sortie de son nouveau livre Décadanse. L’ouvrage est une critique du féminisme, l’écrivain commente ainsi l’actualité : « Aujourd’hui, le mouvement #MeToo est une réaction féministe néopuritaine à l’échec de la révolution sexuelle des années 1970. […] ». Il poursuit : « Aujourd’hui, c’est le néoféminisme qui prétend nous imposer un nouvel ordre moral avec sa police, sa coercition et ses contrôles. Quand il s’agit de combattre les violences conjugales, qui s’y opposerait ? Mais la plupart du temps il s’agit d’une criminalisation du masculin qui ne dit pas son nom ». L’observatoire note la similitude du champ lexical avec celui de Mathieu Bock Côté (référence au « néoféminisme »). Patrick Buisson est depuis décédé, ancien collaborateur de Sarkozy, plus récemment il soutenait la candidature d’Éric Zemmour. C’est aussi un ancien de l’Action française, un mouvement politique antisémite et royaliste.
- Avril 2023 | Qualifie les heures du conte données par les drag queens comme étant « ces pseudo-spectacles n’étaient finalement que de médiocres séances de rééducation destinées à propager la plate morale de la théorie du genre ». La critique n’est pas très précise, elle reprend surtout les mêmes thématiques déjà entendues sur le sujet. Termine son texte par « De grâce, rendons leur neutralité aux écoles et aux bibliothèques, leur innocence aux enfants et leur fantaisie aux drag queens. » L’implication que ces activités privent les enfants de leurs innocences est assez transparente.
- Juillet 2022 | Texte défendant l’héritage politique de Boris Johnson, suivant à sa démission, particulièrement le Brexit. Il avance que la presse britannique était « largement favorable à l’Europe », une opinion qui n’est pas supportée et certainement démontée par certaines sources. Termine le texte avec une pointe envers « les élites mondialistes ».
- Avril 2022 | Donne son opinion à la suite de la victoire d’Emmanuel Macron au deuxième tour de l’élection présidentielle. Suggère que l’immigration est un risque existentiel, en parlant de « conséquences civilisationnelles » : « Les sondages montrent en effet que les Français sont massivement opposés à l’immigration de masse que connaît le pays et dont les conséquences sont à la fois sociales, culturelles et civilisationnelles ».
- Avril 2022 | Entre les deux tours de l’élection présidentielle française. Laisse entendre que « […] Emmanuel Macron sait exactement quand il faut virer à droite ou à gauche. Un peu comme ce mandat commencé à gauche et terminé à droite. Sans oublier cette campagne d’entre les deux tours à gauche toute ». Un jugement sur les visées de Macron qui est loin de faire l’unanimité (on attend encore ce supposé virage à gauche). Se fait le relai des positions de Marine Le Pen, ressasse les arguments habituels de l’extrême droite : « Rien qu’une femme qui dit l’exaspération de la France qui perd, avec des mots simples et souvent maladroits. Cette France qui craint l’immigration parce que, en plus du chômage de masse, elle en subit chaque jour la concurrence sur le marché du travail et la pression à la baisse sur les salaires ». Nous aurons l’occasion de revenir sur cette supposée « pression à la baisse sur les salaires », c’est un argument qui revient très souvent, ici comme ailleurs.
- Octobre 2021 | Christian écrit un texte sinueux, il commence par célébrer ce moment diplomatique : « Jean-Michel Blanquer et Jean-François Roberge se sont engagés à combattre cette “cancel culture” venue des campus américains qui cherche à liquider l’héritage humaniste de l’Occident ». Il présume ensuite que ce concept est lié à « une pensée totalitaire », continue en pourfendant cette « idéologie mondialiste » (dont il ne précise pas la nature, mais qui est selon lui la source de la « cancel culture »). Enchaîne avec cet éloge de la nation « le Québec et la France demeurent solidaires d’une même idée de la nation perçue non seulement comme un héritage précieux, mais aussi comme un espace de liberté. Le seul qui permet au citoyen de se libérer des tribus aujourd’hui en pleine recrudescence, et de se défendre contre les empires qui sont de retour sur la scène géopolitique ».
- Juin 2020 | Pour beaucoup, le lynchage de George Floyd est un triste rappel que notre voisin au sud n’a pas encore réglé son terrible passé. Pour Christian, la mort de l’homme est une opportunité comme une autre pour promouvoir ses idées. Il écrit une série de 6 chroniques (#1, #2, #3, #4, #5, #6), auxquelles va répondre l’historien Jean Pierre le Glaunec dans un livre intitulé « Une arme blanche ». À travers cet ouvrage, l’historien décortique les approximations, les omissions et parfois les mensonges qui permettent à Christian de justifier son révisionnisme historique (par exemple, en évacuant largement la question raciale dans l’histoire coloniale française). Le dernier texte de cette série a suscité une légitime indignation dans la communauté haïtienne, ces derniers ont répondu dans une tribune collective.
- Mai 2020 | Écrit un texte pourfendant et mélangeant l’écriture épicène et inclusive. Il considère ces méthodes comme impraticables, juge ainsi l’adoption de la communication épicène par la ville de Montréal : « il y a là un relent de totalitarisme dont n’a jamais fait preuve l’Académie française ».
- Octobre 2019 | En argumentant que la désobéissance civile doit se déployer contre l’oppression et la tyrannie, il croit avoir trouvé une incohérence dans le modus operandi de groupes comme Extinction Rebellion : « loin de combattre les tyrannies, cette organisation mondialisée en a surtout contre les démocraties. On notera en effet son absence à Pékin, New Delhi et Moscou ». L’observatoire considère plutôt qu’il y a une certaine corrélation entre le potentiel pour la désobéissance civile et la liberté d’expression. Mais on pardonnera à un ancien maoïste d’ignorer l’existence du massacre de la place Tiananmen.
- Janvier 2017 | Charge en bonne et due forme contre la diversité. Réponse de Marcos Ancelovici, qui décortique habilement la chronique de Rioux.
- Septembre 2016 | Petite chronique sur fond de terrorismes et de la controverse autour de l’interdiction du burkini en France. Il contextualise ainsi la décision : « Alors, que représentent ces interdictions sinon un appel au secours des élus locaux face à la progression fulgurante d’un intégrisme religieux, sexuel, moral et politique qui gangrène les villes du sud de la France, après avoir semé la guerre civile — rappelons-le — dans le monde arabe ? ». À quelle guerre civile fait-il référence exactement? Il existe bel et bien des courants intégristes à l’intérieur de l’islam, comme il en existe pour d’autres religions. Cependant, l’instabilité politique du monde arabe a plus à voir avec des facteurs géopolitiques complexes et le contexte historique (par exemple, les jeux d’influences pendant la guerre froide).
Notes
On remercie Francis Dupuis-Déri qui fait un petit résumé de la carrière de Christian Rioux dans son livre Panique à l’université (page 278 à 281). C’est d’ailleurs à travers son bouquin qu’on a déniché la chronique de Marcos Ancelovici et l’ouvrage de Jean-Pierre Le Glaunec (pour lequel nous sommes très reconnaissants). Il est effectivement fascinant d’observer la métamorphose de Christian à travers le temps (il fut jadis un militant marxiste-léniniste).