Pourquoi pas ici?

Donald Trump a gagné. Le 20 janvier 2025, un mouvement fasciste (re)prendra les rênes de la plus grande puissance mondiale.

Devrait-on faire l’emploi du mot commençant en F pour désigner l’homme et sa mouvance politique?

Tout à fait. Mais la principale question pour nous est plutôt : pourquoi pas ici?

La marée populiste et réactionnaire toucherait chaque rivage, pourquoi éviterait-elle nos généreuses berges?

Des politiciens comme Pierre Poilièvre et François Legault partagent largement les mêmes cibles que les trumpistes (sans pousser aussi loin, s’entend).1 Et nos chers polémistes font leurs choux gras en reprenant la même trame narrative (la gauche dite « woke », responsable de tous nos maux de société), qu’ils revendent en adaptant minimalement afin de satisfaire les palais locaux.

L’appétit est là, ici comme ailleurs. Et si la victoire de Trump est en partie le résultat d’une campagne catastrophique de la part du camp démocrate, il faut bien comprendre que le trumpisme s’est démarqué sur un point crucial : en offrant à ses adeptes un récit grisant et inspirant, non seulement pour assouvir un sentiment d’appartenance, mais surtout pour donner l’opportunité de tisser un rapport particulier avec l’histoire.2

Laquelle des options vous semble la plus attractive? Un statu-quo vaguement rafistolé, patenté avec de la colle et du tape? Ou un projet de salvation nationale, portant en son sein la promesse de clouer au pilori les (soi-disant) responsables de cette déchéance?

C’est une fausse dichotomie : les causes profondes les ayant mené·es au bord du précipice ne seront aucunement remises en question.

La crise climatique va continuer de battre son plein, leurs (et nos) conditions matérielles vont continuer de se détériorer. Tandis que celles et ceux qui tirent leur épingle de ce triste jeu ne seront aucunement inquiété·es.

Notre hypothèse est simple : tous les ingrédients sont réunis pour le retour du fascisme au Québec.3

Prenons un cas de figure précis afin de mettre à l’épreuve notre théorie : la discrimination grandissante à laquelle fait face la communauté LGBTQ+, en particulier les personnes transgenres et non binaires. En effet, au Québec, la transphobie a une bonne place dans nos médias - parfois elle y est encouragée, parfois tolérée - en plus d’être exploitée politiquement.

Mais avant tout, il faut mettre la table.

Le fascisme, ça mange quoi en hiver?

Le célèbre historien et expert en la matière, Robert Paxton, définit le fascisme ainsi :

Un mouvement politique obsédé par le déclin et la victimisation, compensé par un culte de pureté et d’unité, porté par un mouvement populaire et nationaliste, supporté par une partie des élites traditionnelles et prêt à sacrifier droits et libertés afin de poursuivre un programme de régénérescence nationale.4

En 2017, l’homme hésitait à utiliser ce qualificatif pour décrire le trumpisme. Il argumentait qu’une utilisation abusive du terme mènerait à sa banalisation et une dilution de son pouvoir symbolique. La tentative de coup d’État fomentée par Trump et son équipe, culminant en l’insurrection du 6 janvier 2021, l’a fait changer d’idée : « L’étiquette est non seulement adéquate, elle est nécessaire ».

C’est l’un des aspects qui distingue le fascisme d’autres courants politiques : sa capacité à convaincre le ou la citoyenne de s’en prendre à ses propres institutions démocratiques. Une proposition aussi liberticide ne devient alléchante que lorsque les alternatives ont perdu toute crédibilité. Et que le statu quo est devenu intenable.

C’est essentiellement ce même contexte qui a permis l’émergence de la première vague du fascisme il y a une centaine d’années, soit une conjoncture historique brutale. Des crises sociales (les vétérans mutilés de la Première Guerre mondiale), économiques (chômage), politiques (l’incapacité de résoudre les points précédents).

Acculé·es au pied de la pyramide de Maslow, plusieurs deviennent réceptifs au chant de la sirène despotique. Prêtez attention, elle vous glissera à l’oreille qui est à blâmer, qui mérite de passer au bûcher : le juif, le communiste, l’homosexuel, l’étranger, etc.

Voilà un autre facteur qui permet d’expliquer le succès du fascisme. La canalisation de la colère vers le bouc émissaire permet d’éviter toute critique structurelle. La classe possédante leur est redevable et il faut bien compatir avec leur perspective : la démocratie, ce n’est pas super pour les affaires, avec ses encombrantes notions d’égalité, de dignité et d’État de droit.

Puis, il ne faut pas oublier que Donald Trump a hérité d’un parti qui pataugeait déjà dans un mépris explicite des normes démocratiques.5 Un parti qui était déjà le véhicule politique des fondamentalistes chrétiens et leur vision rétrograde et discriminatoire de la société.

À partir de ce moment, il n’est pas bien difficile de faire monter la mayonnaise, par exemple en suggérant un lien entre l’éducation sexuelle, la « théorie du genre » et la pédophilie (nous y reviendrons). Puisque la survie de la nation est prétendument en jeu, la désignation d’un groupe comme souffre-douleur ne sert pas seulement à créer une diversion. L’objectif est aussi de déshumaniser.

C’est la dimension purificatrice qu’évoque Paxton, le bouc émissaire n’est pas qu’un bouc émissaire, mais un « ennemi de l’intérieur » qui menace l’existence même de la nation. Et c’est à travers cette logique que les mouvements fascistes arrivent à justifier jusqu’aux pires exactions.

Si vous ajoutez un écosystème médiatique complaisant à cette recette, vous obtenez un résultat assez peu ragoûtant…

Il existe une tension indéniable entre le respect des droits de la personne et le libre marché, et c’est plutôt à l’avantage de ce dernier

Le constat est limpide : aux États-Unis, les personnes transgenres et non binaires font les frais d’une offensive législative et médiatique d’une rare violence.

Un topo de l'offensive législative ciblant les personnes trans et non binaires.
Ceci inclut tous les projets de loi, qu’ils aient été votés et adoptés, ou pas. Notez l’augmentation de ceux-ci visant les soins de santé.

Pendant ce temps et en pleine conférence, un influenceur trumpiste a fait un appel à l’éradication de la communauté trans.6 Il fut chaudement applaudi.

Ici, la tendance est très inquiétante : depuis 2017 au Canada, les crimes haineux déclarés à la police visant la communauté LGBTQ+ sont en augmentation de 388%.7 L’Alberta, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick ont récemment adopté des lois visant à restreindre les droits des personnes transgenres et non binaires.8 Sans oublier le « comité de sages » de Legault, dont l’existence est un aveu implicite que le discours transphobe et hostile à l’éducation sexuelle dans nos écoles a une certaine validité.9

Soyons très clairs, le consensus scientifique en la matière ne fait aucun doute (que ce soit pour les adultes, les personnes mineures ou les bloqueurs de pubertés).10 Ce n’est pas une question technique ou juridique, c’est un enjeu éthique. Un militant comme Mathieu Bock-Côté peut bien conjurer « une idéologie trans radicale », dans les faits, la teneur idéologique tient surtout à un simple respect des droits fondamentaux, ce qui n’est pas bien radical.

Il est par ailleurs ébahissant et assez troublant d’assister à un discours public si mesquin et mensonger envers une communauté ainsi tourmentée. En voici un aperçu :

Mathieu considère que la transition peut mener à « la mutilation chirurgicale ou chimique », un champ lexical révoltant qui nous rappelle les élucubrations de Jordan Peterson.

Son collègue Joseph Facal nous a récemment illustré la grande porosité qui existe entre le commentariat populiste et la complosphère. Il s’est joint à la campagne de désinformation entourant la boxeuse Imane Khelif, en compagnie de militant·es anti-vaccins en recherche d’un nouveau moulin à pourfendre.11

Jean-François Lisée, quant à lui, parle « du remplacement de l’hétéronormativité, critiquable, par une queernormativité, tout aussi critiquable ». À un autre moment, il a affirmé que « le département de sexualité de l’UQAM a pris le contrôle de l’éducation sexuelle de nos enfants ».12 Carrément…

La liste est longue et elle couvre la plupart de nos médias. Elle se poursuit ici.13 Le niveau d’acharnement est tout bonnement hallucinant.

L’art d’accompagner le glissement illibéral

Le propos n’a pas besoin d’être ouvertement méprisant pour causer des dégâts. Le reportage Transexpress de Radio-Canada, produit l’hiver dernier, allouait une grande part de crédibilité à des activistes anti-trans de même qu’à une organisation qui a, entre-temps, été catégorisée comme groupe haineux (une information confirmée par Radio-Canada dans un subséquent texte).14 Traiter d’un sujet comme la détransition, c’est un choix qui se défend (le phénomène est statistiquement marginal, mais il existe). Par contre, en profiter pour placer un commentaire comme « dans la bataille des études, difficile de se faire une tête », c’est impertinent et irresponsable.15

Encore une fois, notre diffuseur public tombe dans cette vieille habitude rance de neutralité à tout prix. Comme si les deux côtés de la médaille méritaient systématiquement le même niveau de respect.

Justement! Il est temps d’aborder le cas d’un personnage qui symbolise à merveille cette complaisance avec la pensée réactionnaire. Il faut parler de Stephan Bureau, un journaliste et animateur ayant travaillé pour une panoplie de médias québécois, ici comme à l’international. Un homme avec un C.V. assez impressionnant. Et aujourd’hui, sa carrière est devenue un conduit pour la parole complotiste et parfois fasciste.

Impossible de dire avec certitude ce qui a motivé ce virage. Le pivot semble être survenu lorsque l’homme s’est entretenu avec le conspirationniste Didier Raoult en 2021 : il s’est pris un blâme de l’ombudsman et depuis, son trouble de l’opposition est hors de contrôle. Il a par exemple reçu, sur son propre balado, l’homme politique et négationniste de l’holocauste, Éric Zemmour.16 Le principal cheval de bataille de ce dernier, c’est le complot du grand remplacement : la France lutterait pour sa survie et la solution passerait par la déportation (la « remigration ») d’environ un million de personnes issues de l’immigration.

Cette prise de position n’est pas confrontée par Stephan, elle est acceptée comme étant valide (même si c’est un délire raciste qui exclut toute forme d’intégration). C’est que cette technique d’entrevue a fait ses preuves, du moins en termes de popularité : l’homme s’inspire visiblement de Joe Rogan. Le créateur du balado le plus écouté de l’anglosphère est en effet un complotiste notoire et, depuis quelques années, il est devenu un vecteur majeur de désinformation (sur la pandémie de Covid-19, sur la guerre en Ukraine, etc.).17

Ce que ces deux larrons dénués de convictions font a peut-être l’apparence d’une entrevue, mais c’est surtout une séance d’accompagnement pour faire passer le message de l’invité du moment. Parfois, ils participent activement à amplifier le message, comme quand Joe Rogan affirme que l’insurrection du 6 janvier fut incitée par des agents du FBI (une fabulation). Stephan, quant à lui, a déjà établi une connexion saugrenue et assez dégueulasse entre l’insurrection et la vague de manifestations BLM de l’été 2020.18

Curieusement, cette proactivité semble principalement survenir lorsqu’il est question de supporter la trame narrative dominante…

Après, ils sont certainement libres de tendre leur micro à qui bon leur semble, c’est leur droit. Mais devrait-on récompenser un tel manque de jugement en offrant à Stephan une émission à Télé-Québec?19

Parce qu’il y a des conséquences à la banalisation de ce type de propos. Nous savons par exemple que les taux de suicide sont très élevés chez les jeunes personnes trans (7.6 fois plus probable que pour leurs comparses cisgenres, au Canada). Et alors, quand Joe Rogan suggère que l’acceptation de la transidentité est un signe d’un « déclin civilisationnel » et que « ces personnes souffrent de maladie mentale », vraisemblablement, il ajoute sa monumentale pierre à l’édification d’un climat médiatique transphobe. Climat qui influe nécessairement sur ces taux de suicide.

Ceci étant dit, bien que coincées entre les émules de Fox News et les extrêmes centristes, il existe encore des voix défendant les droits de la personne et la transidentité dans notre écosystème médiatique. Malheureusement, force est d’admettre que la logique de marché et ses algorithmes n’offrent que bien peu d’espace à ces dernières.

Saviez-vous que le Québec serait un laboratoire de résistance au wokisme?20

La vulnérabilité et la souffrance vécue par la communauté LGBTQ+ ne sont pas uniquement exploitées par la ribambelle de grandes gueules énumérées jusqu’ici. C’est aussi une opportunité pour une partie de notre classe politique, telle qu’illustrée par la récupération de la « théorie (ou idéologie) du genre » comme élément de langage.

Expression fourre-tout, véritable obsession des polémistes de la dernière section, elle est en quelque sorte la pierre angulaire de l’offensive anti-trans contemporaine. Particulièrement dans le cadre du mouvement des « droits parentaux ». L’historien Ivan Jablonka explique ainsi le phénomène :

Le genre est un outil couramment employé dans les sciences sociales. Depuis les travaux de Simone de Beauvoir et d’Ann Oakley, on distingue le sexe et le genre, c’est-à-dire d’un côté les phénomènes biologiques et de l’autre les rôles socioculturels qu’une société propose à ses membres en fonction de leur sexe – donner, par exemple, la possibilité aux hommes d’être plus libres, d’avoir une parole d’autorité, de créer, alors que les femmes seront renvoyées dans leur foyer pour prendre soin de la famille. La notion de genre est donc aussi utile que celle de classe sociale, et elle ne fait pas débat dans les milieux de la recherche.

En revanche, prétendre qu’il y aurait une « théorie du genre » est une manière de délégitimer cette distinction. Cette posture s’accompagne de délires sur la prétendue fin de la différence entre les sexes, la « promotion » de l’homosexualité et des transitions de genre, que sais-je encore. L’expression est une bannière politique utilisée par la droite conservatrice et catholique, ainsi que par l’extrême droite, dans le but de faire barrage aux évolutions qui ont transformé notre société depuis plus d’un demi-siècle. Elle fait partie de l’arsenal d’une contre-offensive idéologique.21

L’expression est donc souvent utilisée pour discréditer les personnes transgenres, parfois de manière détournée en attaquant l’éducation sexuelle. Celle-ci étant un outil indispensable dans la lutte aux crimes sexuels visant les enfants, le conservatisme religieux s’y oppose naturellement. Et aujourd’hui, nos cours d’éducation sexuelle intègrent les notions de diversité sexuelle et de genre. L’affront devient intolérable : ces enseignements banalisent et humanisent l’existence de l’homosexualité et de la transidentité.

Vous vous souvenez des accusations de grooming et de ces implications que le contenu de ces cours viserait à sexualiser les enfants?22 Voici leur raisonnement : toute déviation de la norme hétérosexuelle constitue en soi une perversion.

Alors, pourquoi diable le chef du Parti québécois et sa présidente ont-ils adopté cette vilaine terminologie?23 Vous savez quelles autres figures politiques brandissent cet homme de paille?

  • Éric Duhaime pour bassement et gratuitement s’en prendre aux drag queens, sujet de notre premier texte.
  • Le premier ministre de la Hongrie, Viktor Orbán, un légendaire homophobe.24
  • L’ex-président brésilien Jair Bolsonaro25. Une ordure fasciste.
  • Donald Trump et la plupart de ses sbires, évidemment.
  • Le parti espagnol Vox (représentant 12% du suffrage en 2023), opposé à l’avortement, au féminisme, au « lobby LGBT » et à la « ideología de género ».26
  • Le despote russe, Vladimir Putin.
  • La première ministre de l’Italie, Giorgia Meloni, qui défend le « droit au non-avortement » et s’oppose à l’homoparentalité.27 Quelle surprise, avec un slogan comme « Dieu, patrie, famille »…
  • Pierre Poilièvre le minable.28
  • Éric Zemmour et plus largement l’extrême droite française.29
  • Une partie de la droite française est elle aussi hostile au concept (pour s’en prendre à l’éducation sexuelle).30
  • Maxime fucking Bernier.31
  • Le PAPE (le concept serait « le plus affreux danger »).
  • Le parti néonazi de l’AfD, en Allemagne.32
  • Javier Milei, président de l’Argentine et grand promoteur de la pauvreté infantile.33

Devant l’indéniable succès du récit populiste et réactionnaire, tel qu’incarné par la précédente liste, tout porte à croire que la direction du Parti québécois agit par appât du gain électoral. Ce qui ne serait pas bien surprenant. La fluidité idéologique de leur chef avait déjà été démontrée lorsqu’il a retourné sa veste sur la reconnaissance du racisme systémique.34

Précisons que ce n’est point une accusation par association : si le nationalisme québécois semble avoir tourné le dos au progressisme, nul ne prétend que la joute politique québécoise est soudainement aussi réactionnaire qu’au Brésil ou en Hongrie.

Il n’est cependant pas banal de voir ces parlementaires québécois·es puiser allègrement dans le langage de la droite populiste. Une manie qui ne date pas d’hier, il n’y a qu’à voir l’immense place donnée aux enjeux identitaires dans l’espace public.

Et donc, dans un monde où la démocratie en prend pour son rhume, ils prennent la décision d’accompagner, sinon de profiter de cette tendance autoritaire.

Les 20 dernières années ont vu un recul de la démocratie et ce partout dans le monde.
La précédente procession d’augustes personnages partage un programme illibéral et hostile à l’exercice démocratique, tel que documenté par l’Institut V-Dem dans son dernier rapport, le graphique est à la page 7.

Une démarche lâche et grossièrement anti-intellectuelle, mais qui répond aussi à une certaine logique. Face à un statu quo bien ringard, ils élaborent un récit qui s’en démarque, qui fait réagir. Une jolie histoire rassembleuse, dans laquelle le Québec est écrasé par le fédéral, intimidé par la « gauche radicale », pris d’assaut par une certaine religion et dont l’existence même serait menacée par le fait migratoire.

Le tout, comble de l’hypocrisie, en se drapant de la Révolution tranquille. Comme s’ils en étaient ses héritiers et héritières. La contorsion idéologique est toutefois totale, entre l’idéal émancipateur et égalitaire de cette lointaine époque et la célébration du conformisme et de l’arbitraire, telle qu’exprimée par le récit nationaliste contemporain et son soutien implicite à la parole transphobe.

Est-ce dire que l’observatoire considère que Legault et PSPP sont des fascistes? Non. Mais fonctionnellement parlant, les similitudes avec la trame narrative trumpiste s’accumulent.

Puisque justement, il faut passer outre le précédent subterfuge et se pencher sur la logique sous-jacente. PSPP n’utilise pas le gourdin de la « théorie du genre » avec le même objectif que Maxime Bernier ou Éric Zemmour. Par contre, au niveau du cadrage, du raisonnement, c’est fort semblable. À savoir, une opposition montée de toutes pièces entre la « majorité historique » et les minorités (de genre ou de tout autre type).

Une mise en scène dorénavant commune dans le cirque médiatique que nous subissons quotidiennement. Une supercherie qui accélère une polarisation déjà galopante, fruit du vandalisme étatique envers notre filet social.

Et tout ceci nous semble favoriser un discours public toujours plus cruel.

Car profiter d’un climat haineux pour scorer quelques points politiques, c’est assurément cruel. Tirer profit de la haine raciale, c’est certainement une démonstration de cruauté. Et que dire de l’ignoble traitement politico-médiatique concernant le génocide en cours à Gaza?35 Un sujet des plus sérieux pour lequel nos gouvernements ont failli sur toute la ligne. La communication de la CAQ en particulier est complètement atroce. Sans parler du mutisme assourdissant des autres (ils se reconnaîtront).

Bref, une société qui consomme de la cruauté sans broncher et qui regarde avec indifférence ce terrible massacre doit être prête pour n’importe quoi. Pourquoi pas le fascisme?

« Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles »36

Finalement, notre propos n’est pas bien compliqué : les prochaines décennies seront aussi imprévisibles que brutales. La seule issue, qui nous permettrait de conserver nos quelques minces lambeaux de dignité humaine encore intactes, c’est à travers la solidarité.

Heureusement, le monde associatif et communautaire est là pour sauver la mise. L’humanisme n’est pas à la télé ni à la radio, il est dans la rue! Ce sont les activistes propalestiniens, les Mères aux fronts, les antifascistes qui protestent contre la venue de groupes de musique néonazis, les écologistes qui escaladent des ponts, la coalition Nous ne serons pas sage, etc.

Ignoré·es ou vilipendé·es par les clowns insipides qui nous informent et nous gouvernent, ce sont pourtant eux qui, bien souvent, font leur possible pour réparer les pots cassés de notre médiocratie ambiante.

Et tout indique que l’élection prochaine de Pierre Poilièvre ou encore l’immense influence d’Elon Musk, nous réserve un futur débordant de pots cassés. Pour toutes et tous, mais particulièrement pour les personnes trans et non binaires.

En terminant, si vous aussi, vous étouffez sous le silence des pantoufles, nous vous suggérons de prendre connaissance des organismes suivants. Et si vous en avez la possibilité, pourquoi ne pas leur donner un petit coup de pouce d’ordre pécuniaire ou temporel?


  1. Poilièvre et ses multiples références à la « justinflation », très semblables au parti républicain qui a souvent écorché Biden au sujet de l’inflation. Ce dossier du Devoir offre un panorama fort complet sur la carrière de l’homme et cet article du Monde résume bien les accointances de l’homme pour le trumpisme.

    Legault et Trump font usage d’un langage raciste pour qualifier le fait migratoire. Les deux font des références au complot du grand remplacement (les arguments diffèrent de par le contexte, la dimension linguistique étant une spécificité québécoise).

    Suite aux menaces tarifaires de Trump, Legault s’est empressé d’acquiescer : « Les craintes de Donald Trump sur l’immigration sont légitimes ». Patrick Déry a répondu à ce pathétique épisode, nous partageons son opinion. ↩︎

  2. Adrian Lyttelton, Kolloquien des Instituts für Zeitgeschichte, Der italienische Fascismus: Probleme und Forschungstendenzen p. 59 (Lu dans The anatomy of Fascism, p. 148). ↩︎

  3. Nous faisons bien sûr référence à Adrien Arcand, un notoire fasciste québécois. Jean-François Nadeau, auteur d’un livre sur l’homme, présente le sujet ainsi : « Durant les années 1930, alors que la faim, la misère, le chômage et les menaces de guerre écrasent le quotidien des classes populaires, Adrien Arcand (1899-1967) prend la tête de groupuscules d’extrême droite qu’il unit sous le signe de la croix gammée. Son programme : faire émerger de la misère existentielle le triomphe du fascisme ».

    Vous pouvez aussi consulter sa page Wikipédia ou son pamphlet antisémite, c’est du lourd… ↩︎

  4. Robert Paxton, The Anatomy of Fascism, p. 218. C’est notre propre traduction, quelque peu écourtée de la version originelle. ↩︎

  5. Le gerrymandering, soit le charcutage électoral, a une longue histoire. Selon l’article wiki, « La stratégie consiste principalement à découper les districts électoraux de manière à regrouper le nombre de votes de ceux qui sont perçus comme opposants, à l’intérieur d’un nombre restreint de districts où le parti au pouvoir va perdre dans une forte proportion, mais où il va gagner par de petites majorités ailleurs, dans un plus grand nombre de districts ».

    Au Québec (et dans la plupart des démocraties libérales), c’est un organisme indépendant qui est responsable du redécoupage électoral (un processus nécessaire, de temps à autre). Aux États-Unis, c’est aux chambres de représentants de chaque État de faire ce travail. Résultat : les abus sont légion.

    Les gars de Map Men l’explique ici.

    Dans un pays qui n’a jamais tout à fait résolu son passé esclavagiste, le racisme a bien souvent justifié une panoplie de mesures afin d’interdire (à l’époque des lois Jim Crow), de limiter ou de compliquer la participation électorale. Cet article de CNN offre un aperçu de cette longue croisade antidémocratique. Une décision de la Cour suprême, en 2013, est venue faciliter le déploiement de ces méthodes.

    La Caroline du Nord nous offre un exemple typique, en 2016 : un projet de loi éliminait la possibilité de s’inscrire à la liste électorale le jour même, réduisait de 7 jours la possibilité de voter par anticipation, entre autres limitations. Les juges, qui ont temporairement interrompu l’application de la loi, expliquent qu’en prétendant lutter contre la fraude, le projet visait le vote des Afro-Américains « avec une précision chirurgicale ».

    Et comment oublier la fois où la Cour suprême a voté pour arrêter le recomptage des votes dans la course excessivement serrée, en l’an 2000 en Floride.

    Plus d’informations par ici. ↩︎

  6. La citation : « Transgenderism must be eradicated from public life entirely–the whole preposterous ideology, at every level ». Puisqu’il n’y a pas de différence entre ce qu’eux perçoivent, à tort, comme une idéologie et l’existence des personnes transgenres, le propos est bel et bien un appel à l’éradication. Le trumpiste en question s’appelle Michael Knowles et voici un autre article sur le sujet. ↩︎

  7. Pour une visualisation par année, vous pouvez vous référer à cette page ou à cet article de la Presse. Une situation dénoncée par le milieu communautaire : « Ça fait 21 ans qu’on fait des actions le 17 mai pour la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, et c’est la première fois cette année qu’on reçoit autant de haine sur les réseaux sociaux ».

    Sachez aussi que les données de statistiques Canada agrègent les crimes haineux selon l’orientation sexuelle et le genre, pour ce qui semble être des raisons administratives. C’est sujet à changement dans le futur, voir la « Note aux lecteurs » en bas de page pour l’explication. ↩︎

  8. Pivot et leur journaliste Sam Harper ont sorti un excellent dossier sur le sujet, notamment sur les groupes qui militent contre le droit des personnes transgenres (bien souvent des intégristes religieux). Nous suggérons aussi l’article de Christopher Curtis sur la même thématique.

    Rare bonne nouvelle, le nouveau gouvernement au Nouveau-Brunswick « revient sur les changements mis en place par Higgs ****», à savoir la politique 713 qui « prévoyaient que tout élève âgé de moins de 16 ans désirant changer son nom ou son prénom à l’école devait obtenir le consentement parental ». ↩︎

  9. Radio-Canada sur la présentation du comité et sa contestation. La composition du comité n’inspire pas confiance, tel que le rapporte le média Pivot : « Deux des trois “sages” qui éclaireront le gouvernement provincial sur la notion d’identité de genre ont entretenu des liens et tenu des propos qui inquiètent des groupes de défense des minorités de genre ». À lire aussi cet article de Pivot sur la coalition Nous ne serons pas sages, qui est le fer de lance de cette contestation.

    Le journaliste Christopher Curtis sur ce même comité : « The government insists the committee will not result in diminished rights for trans and nonbinary Quebecers. But two of the three committee members have ties to PDF Québec — an organization that has repeatedly compared transitioning to “genital mutilation” and organized a smear campaign last year against a trans teenager. The teenager in question, Université de Montréal law student Celeste Trianon, said she received multiple death threats and a slew of online harassment after being targeted online by PDF ».

    Voici un autre article sur cette vilaine organisation qu’est PDF Québec. ↩︎

  10. La BD d’Élise Gravel est une excellente entrée en matière. Elle cite, entre autres, cette méta-analyse de Cornell, qui est un incontournable (leur conclusion : « Il existe un solide consensus, dans la littérature scientifique (à travers le monde) selon lequel la transition de genre, y compris les traitements médicaux, tels que l’hormonothérapie et les interventions chirurgicales, améliore le bien-être général des personnes transgenres »). L’autrice avait consulté Olivier Bernard (le Pharmachien) pour son travail, ce dernier précise qu’une panoplie d’associations médicales supportent les soins d’affirmation de genre.

    Pour ce qui est de défaire l’idée reçue que la transidentité serait amplifiée par un effet de mode, nous vous référons à ce texte de Québec Science. Si vous tombez sur le nom de Lisa Littman, prenez garde, comme le dernier texte l’explique, c’est une figure de proue de la thèse de la contagion sociale (« Fears of “social contagion,” used to support anti-transgender legislation, are not supported by science »).

    Quant aux bloqueurs de pubertés, aussi connus sous le nom d’inhibiteurs d’hormones, nous vous référons à l’explication de la Société canadienne de pédiatrie : « Au départ, sur le plan clinique, la prescription d’inhibiteurs d’hormones vise à donner au jeune le temps d’explorer son identité de genre sans ressentir la pression ou la détresse liée au développement continu des caractéristiques sexuelles secondaires ou à des expériences genrées comme les menstruations ou les érections ».

    Et contrairement à ce qui est parfois allégué : « La suppression hormonale est réversible, et la production de stéroïdes sexuels endogène, leurs effets ou ces deux phénomènes reprendront à l’arrêt des inhibiteurs d’hormones ». À noter que ce type de médicament fut inventé, en premier lieu, pour venir en aide à des enfants affectés par une puberté précoce. Cette catégorie de médicament, influant sur la production d’hormone, est aussi utilisée pour traiter certains types de cancer.

    Une étude de 2023 affirme que 42% d’adultes transgenres auraient fait une tentative de suicide. Et un organisme ayant sondé environ 61 000 personnes mineures trans ou non binaire indique que le taux de tentative de suicide aurait augmenté de 7% à 72% dans les États ayant voté des lois anti-trans.

    Au Canada, les jeunes personnes trans et non binaires ont un taux de suicide 7,6 fois plus élevé que leurs compères cisgenres.

    Pour ce qui est de l’aspect administratif de la transition, notamment pour l’hormonothérapie, vous pouvez vous référer à ce site.

    Dans l’anglosphère, le rapport Cass a fait pas mal de bruit : généralement peu ou pas respecté par la communauté scientifique, le rapport a déjà un impact au niveau de l’accessibilité de l’hormonothérapie au Royaume-Uni. L’association WPATH a publié une réponse fort critique du rapport britannique, comme l’ont fait Yale↩︎

  11. Voici le texte de Joseph Facal. L’article du Correspondant existe, simplement le média comme le contenu du texte n’est pas particulièrement crédible. En gros, il y a eu un premier délire en août, pendant les olympiques. L’article du Correspondant est venu en rajouter une couche avec des photos avares de détails et un titre bien puant. Notons que Facal présume que le fait que l’information ait été relayé par Die Bild ou le Daily Mail ajoute de la crédibilité à l’information, alors que ces deux médias ont une forte mauvaise réputation dans leur pays respectif.

    Cet article de Snopes résume assez bien l’histoire : l’article du Correspondant avance des conclusions non démontrées par le rapport. Ce dernier n’est pas certifié et, même dans le cas où ce serait véritablement un rapport médical d’Imane Khelif, la réalité n’est pas si simple.

    Le Point a obtenu une entrevue avec Georges Cazorla, l’un des collaborateurs de l’athlète, qui est revenu sur sa disqualification frauduleuse en 2023 : « Après les championnats du monde 2023, où elle a été disqualifiée, j’ai pris les devants en contactant un endocrinologue de renom du CHU parisien, Kremlin-Bicêtre, qui l’a examinée. Celui-ci a confirmé qu’Imane est bien une femme, malgré son caryotype et son taux de testostérone. Il a dit : “Il y a un problème avec ses hormones, avec ses chromosomes, mais c’est une femme.” C’est tout ce qui nous importait. Nous avons ensuite travaillé avec une médecin basée en Algérie pour contrôler et réguler le taux de testostérone d’Imane, qui est actuellement dans la norme féminine. Des tests montrent très bien que toutes ses qualités musculaires et autres s’amoindrissent depuis. Actuellement, elle peut être comparée au niveau musculaire et au niveau biologique à une femme-femme-femme ».

    Depuis, la boxeuse a porté plainte↩︎

  12. La première citation est tirée de ce texte, la seconde de celui-là↩︎

  13. Dans le cas de Denis Bombardier, cela remonte au moins à 2017 : « Aujourd’hui, c’est sa nouvelle présidente qui est visée. Gabrielle Bouchard, nouvellement élue au poste, se fait critiquer parce qu’elle est trans. Oui, au Québec. Oui, en 2017. […] Suivant l’exemple de Lise Ravary, Denise Bombardier nous offre une deuxième chronique en une semaine dans le Journal de Montréal où elle remet en question la place de Gabrielle Bouchard ».

    Parlant de Lise Ravary, elle parlait de la « théorie du genre » en 2016 et en 2024 elle ne se gêne pas pour mentir allègrement : « Il n’y a pas de consensus scientifique dans le dossier des enfants trans. Point. Seuls les menteurs diront le contraire ». La Société canadienne de la pédiatrie n’est pas d’accord et cette dernière cite ses sources, contrairement à Lise.

    La chroniqueuse du Journal de Montréal Nathalie Elgrably s’y adonne : « Même le mot “femme” est devenu tabou » (…ah bon?). Elle poursuit : « Le mouvement woke, déterminé à détruire la société, veut dépouiller la femme de son féminin sacré et de tout ce qui fait sa singularité ». En 2024, elle aussi évoquait la « théorie du genre », dans ce cas-ci, pour viser l’éducation sexuelle : « Les valeurs religieuses ont été écartées au profit de la religion woke, et l’endoctrinement débute au préscolaire pour mieux préparer les enfants à la théorie du genre, à la théorie queer ».

    L’ancienne politicienne Maria Mourani est de la partie : « Transgenrisme: laissez les enfants grandir en paix! ».

    Joseph Facal s’est aussi inspiré de Lisa Littman, l’une des personnes derrière l’idée que la transition serait un effet de mode.

    Richard Martineau parle d’un soi-disant « lobby trans ». En 2019, il se gargarisait déjà à la « théorie du genre ». Plus récemment il a poussé son obsession au point d’affirmer que ce n’est que la biologie qui compte et que la race est biologique (« […] Mais biologiquement, je serai Blanc. »). Une idée tirée tout droit de la fin du 19e siècle, totalement discrédité depuis des décennies (nous sommes tous des homo sapiens…).

    Sa compagne, Sophie Durocher, a récemment écrit un livre. Où sont les femmes : l’effacement du féminin dans l’espace public. Nous ne l’avons pas lu - ses chroniques ne nous en donnent guère l’envie. Pour elle, être trans, c’est aussi extrême que d’être un masculiniste : « On s’intéresse aux extrêmes: soit aux mâles alpha (crinqués à la testostérone) soit aux oméga (des drag queens, des non binaires ou des hommes trans, des hommes “enceints”) ».

    Le philosophe Normand Baillargeon a repris l’idée idiote selon laquelle le genre supplanterait la dimension biologique : « on nie la réalité biologique des femmes (qui deviennent des cisgenres) en affirmant que ce mot n’est pas lié à l’anatomie de la personne ».

    Christian Rioux, commentateur au Devoir, s’est aussi approprié la « théorie du genre » pour viser les drag queens : « De grâce, rendons leur neutralité aux écoles et aux bibliothèques, leur innocence aux enfants et leur fantaisie aux drag queens ». ↩︎

  14. Une première recommandation : Pivot a réalisé une entrevue avec une militante trans, une réponse fort pertinente à l’amateurisme de Radio-Canada.

    L’organisation classifiée en tant que groupe haineux se nomme SEGM et voici le texte de Radio-Canada, substantiellement mieux recherché que le documentaire : « Ces “marchands de doute” au cœur du débat sur les soins de transition ».

    Cette classification est le produit du Southern Poverty Law Center, un OBNL états-unien qui combat la discrimination depuis les années 1970, notamment en poursuivant le KKK. Leur raisonnement se base sur le fait que SEGM puise dans la pseudoscience et qu’ils luttent contre les soins d’affirmations de genre en prétendant qu’il y aurait un débat sur la question dans la communauté scientifique.

    Le reportage Transexpress a fait appel à ces activistes anti-trans : Samuel Veissière (anthropologue), Mikael Landén (psychiatre) et Erica Anderson (psychologue). Tous étaient présents à la conférence de 2023 organisée par SEGM.

    Nous sommes conscients que plusieurs de ces critiques furent formulées à l’ombudsman de Radio-Canada et que ce dernier les a balayées du revers de la main. Nous ne partageons pas sa perspective. ↩︎

  15. Vers la 19e minute du documentaire↩︎

  16. « Éric Zemmour a déclaré en 2019 sur un plateau de la chaîne de télévision CNEWS que Philippe Pétain a sauvé les juifs français », ce qui est un immense mensonge, puisque c’est précisément le contraire qui est arrivé.

    Il a aussi « nié la déportation des homosexuels français pendant la Seconde Guerre mondiale ».

    Le négationnisme peut impliquer la négation de la Shoah en sa totalité mais aussi « la contestation ou la minimisation des crimes contre l’humanité condamnés par le tribunal de Nuremberg, puis par extension la contestation ou la minimisation d’autres faits historiques qu’on pourrait aussi qualifier de crimes contre l’humanité ». ↩︎

  17. L’organisme Mediamatters a catalogué les très nombreux dérapages de l’animateur. Sur le virus de Covid-19 et les vaccins, l’homme s’est déjà contredit (il a déjà critiqué la désinformation sur les vaccins!). Son entrevue avec Elon Musk en 2020 fut toutefois catastrophique et, fin 2021, Mediamatters a recensé une panoplie d’idioties sur ce même sujet. Voici un suivi en 2022, les extraits méritent d’être écoutés, c’est du gros calibre. Pour une autre source, vous pouvez vous référer à cet article de la BBC.

    Au sujet de la guerre en Ukraine, il a récemment affirmé que ce serait la faute des Ukrainiens si une troisième guerre mondiale éclate. Des propos qui n’ont pas laissé les principaux intéressé·es indifférents. Nous pourrions aussi suggérer cette chronique vidéo d’un russe : « Pourquoi les conservateurs occidentaux AIME la Russie ». ↩︎

  18. Nul ne remet en question qu’il y ait eu de la violence lors des manifestations contre la violence policière suite au meurtre de George Floyd. La comparaison est dégueulasse puisque les motivations entre les deux événements diffèrent radicalement : s’opposer au lynchage, c’est défendre la dignité de toutes et tous. L’insurrection visait, quant à elle, à s’attaquer frontalement au processus électoral, sur une base de mensonges.

    Le propos provient d’un segment de Qub Radio avec Mario Dumont, voici notre tweet et le vidéo↩︎

  19. Voici un article sur le sujet. Son émission s’intitule *Une époque formidable.* Il a invité Maxime Bernier au troisième épisode, pourquoi…? ↩︎

  20. Ce titre est une référence à une entrevue donnée par PSPP, au printemps 2023, au média français Sud Radio. L’écoute n’est pas spécialement recommandée : « Le Québec est-il un laboratoire de résistance au wokisme ? ». ↩︎

  21. Citation tirée de cet article du Monde↩︎

  22. Une rhétorique particulièrement commune chez les trumpistes. Qui reprend les mêmes arguments que les homophobes des années 70. Nos complotistes proches de la tendance QAnon reprirent ces arguments, comme François Amalega. ↩︎

  23. Au minimum deux fois, soit à l’automne 2023 (par PSPP) et une autre à l’automne 2024 (par Catherine Gentilcore, la présidente du parti). Dans les deux cas, la critique n’est pas supportée d’une quelconque manière. PSPP plaide même pour introduire la joute politique dans le milieu universitaire (« Pour moi, ce genre de questions là, les toilettes, les pronoms, les nouvelles théories d’écriture inclusive, doivent être débattues ici, à l’Assemblée nationale »). Ce qui fait certainement penser au modus operandi des gens qui nient le consensus scientifique sur la crise climatique.

    Le texte de Catherine s’est d’ailleurs fait contre-vérifier : elle a menti. Voir la précision en bas de page, ajoutée par la Presse deux semaines après la parution de la chronique : « une version précédente de ce texte soutenait à tort que le ministère de l’Éducation recommandait d’enseigner aux enfants de 3 à 7 ans que le genre n’est pas lié au sexe constaté à la naissance, mais attribué par la société. Or, le Ministère invite plutôt les adultes qui vont intervenir auprès des enfants du préscolaire à réfléchir au fait que c’est entre 3 et 7 ans qu’ils peuvent commencer à explorer leur identité de genre ». ↩︎

  24. Il y a bien des choses à dire sur cet homme, c’est une figure incontournable de l’extrême droite contemporaine. Cet article du Devoir résume assez bien ses lubies, l’homme s’en est déjà frontalement pris aux personnes trans en interdisant la transition légale↩︎

  25. Nous avons déjà décrit le projet politique - solidement campé à l’extrême droite - de Jair Bolsonaro. Voici un article en portugais sur le sujet précis de « l’idéologie du genre » et voilà une chronique de l’ancienne présidente du Brésil, en anglais. ↩︎

  26. Par ici, pour leur page wiki, un article et une dissertation (les deux en espagnol) sur le sujet. ↩︎

  27. Pour un topo sur la carrière de Giorgia Meloni, vous avez cet article du Monde. Pour son opposition à l’homoparentalité, vous pouvez vous référer à cet article de la Presse ou à cet autre texte du Monde (sans paywall)↩︎

  28. « Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a précisé mercredi qu’il était contre l’utilisation “d’inhibiteurs de puberté” chez les enfants ». En 2023, il avait accusé Justin Trudeau d’imposer dans les écoles « l’idéologie du genre radicale ». ↩︎

  29. En 2022, Éric Zemmour appelait à un débat public sur « la question de la “théorie du genre” », essentiellement la même demande que PSPP a formulée à l’automne 2023. L’homme parle aussi d’un « endoctrinement », une expression fréquemment employée par les trumpistes.

    Si Marine Le Pen en parle un peu moins récemment, elle a toutefois été une pionnière sur le sujet : en 2014 elle a « relayé la rumeur selon laquelle “des militants LGBT” seraient invités à diffuser dans “600 écoles” la fantasmatique “théorie du genre” ». Les députés européens de son parti n’en démordent pas, en 2023, ils parlaient du « poison wokiste » et de sa « propagande LGBT »… ↩︎

  30. Nous pensons à Alexandre Portier qui s’en est récemment pris au cours d’éducation sexuelle en agitant le spectre de « théorie du genre » ou encore Bruno Retailleau, un sénateur qui s’était opposé à l’interdiction des thérapies de conversion en 2021 pour un motif similaire. ↩︎

  31. Un exemple parmi tant d’autres, où il envoie des fleurs à Jean-François Lisée… En passant, Maxime s’abreuve abondamment du trumpisme, sa rhétorique est désormais ouvertement raciste↩︎

  32. Ils en parlaient en 2016 et ils organisaient des manifestations en 2023 dites « anti-genre » contre « la propagande du genre ».

    Il semble que le qualificatif de néonazi sied bien à ce parti que l’on plaçait auparavant à l’extrême droite (en comparaison au Parti national-démocrate d’Allemagne, catégorisé comme néonazi depuis longue date). En janvier 2024, il fut révélé que le parti avait discuté d’un grand plan de déportation visant la population d’origine immigrante (incluant la première et seconde génération ainsi que celles et ceux ayant participé à l’établissement des personnes réfugiées). ↩︎

  33. « le nombre d’enfants de moins de 14 ans touchés par l’extrême pauvreté, c’est-à-dire qui n’ont pas de quoi satisfaire leur besoin nutritionnel de base, est passé de 18 à 27 % en six mois » en date d’octobre 2024, donc pas loin d’un après l’arrivée en fonction de Javier Milei. ↩︎

  34. En 2016, Paul St-Pierre Plamondon expliquait que le Parti québécois devait faire un mea culpa quant à l’épisode de la « charte des valeurs » (en compagnie d’une femme voilée!).

    En 2017, il affirmait que « lutte au racisme systémique est nécessaire » et dans un débat contre Mathieu Bock-Côté, il en fournissait une explication assez acceptable. Le contraste est éblouissant. ↩︎

  35. La Cour internationale de justice considère que le massacre de Srebrenica est un acte de génocide. Pour nous, il est donc évident que l’histoire va inscrire la guerre que mène Israël envers la bande de Gaza comme étant un génocide. C’est aussi l’opinion des ONG Human Rights Watch et Amnesty International.

    Ceci n’excuse en rien l’attaque du 7 octobre 2023, perpétrée par le Hamas. Il n’existe aucune justification possible pour les exactions causées sur la population civile. ↩︎

  36. Citation tirée d’un article de l’excellent Edwy Plenel, qui l’aurait lui-même tirée de l’écrivain Max Frisch. ↩︎